Par Youness Elayammi – 3 Novembre 2025
Devant la Commission des infrastructures, le ministre du Transport et de la Logistique, Abdessamad Kayouh, a dressé un constat à la fois encourageant et préoccupant. Si les investissements publics dans le secteur atteignent des niveaux historiques, la faible dotation en postes budgétaires pour 2026 soulève de sérieuses inquiétudes quant à la capacité du ministère à suivre le rythme des chantiers en cours.
Pour l’exercice 2026, le ministère ne bénéficiera que de 50 nouveaux postes, alors qu’il en réclamait au moins 120, en raison des départs à la retraite et des besoins croissants liés aux grands projets d’infrastructures. « Nous faisons face à une dynamique d’investissement sans précédent, mais nos effectifs peinent à suivre », a souligné le ministre devant les députés.
Le budget global d’investissement prévu pour 2026 s’élève à 29 milliards de dirhams, dont 27 milliards seront consacrés aux établissements publics et 1,8 milliard aux projets internes du ministère. Le fonctionnement sera appuyé par 129 millions de dirhams, tandis que 221 millions seront dédiés aux dépenses de personnel. Les services gérés de manière autonome bénéficieront, quant à eux, de 49,5 millions de dirhams pour leurs investissements et 19 millions pour leurs dépenses d’exploitation, en coordination avec des acteurs stratégiques tels que l’ONCF, la NARSA et l’AMDL.
Entre 2022 et 2025, le secteur du transport a connu une hausse spectaculaire de ses investissements, dépassant désormais 61 milliards de dirhams, soit trois fois plus qu’en 2022. L’Office National des Chemins de Fer se positionne comme principal bénéficiaire, avec une montée en puissance de ses investissements de 1,35 milliard à 18,6 milliards de dirhams, portée par l’ambitieux Plan National de Développement du Transport Ferroviaire à l’horizon 2029.
La dynamique concerne également l’Office National des Aéroports (ONDA), dont les investissements passent de 2,54 milliards en 2022 à 3,5 milliards de dirhams en 2025, accompagnant l’essor touristique et les extensions des principaux aéroports du Royaume. De son côté, Royal Air Maroc poursuit sa montée en puissance avec 1,3 milliard de dirhams d’investissements, contre 763 millions en 2022, dans le cadre de la modernisation de sa flotte et du renforcement de sa compétitivité internationale.
Cette tendance confirme la volonté du Maroc de consolider sa place comme hub régional du transport et de la logistique, mais révèle aussi une tension structurelle : celle du manque de ressources humaines qualifiées pour soutenir ces ambitions. Un défi que le ministère devra impérativement relever pour garantir la réussite de ces chantiers stratégiques et la durabilité du modèle de croissance du secteur.