Le transport maritime entre dans une nouvelle ère. Le géant français CMA CGM a accueilli le Neoliner Origin, premier cargo transatlantique à voile, fruit d’une collaboration avec la société nantaise Neoline. Mis à l’eau le 31 janvier 2025 au chantier RMK Marine en Turquie, ce navire de 136 mètres de long symbolise la transition énergétique du secteur. Sa propulsion repose sur deux immenses voiles rigides de 76 mètres, capables d’exploiter la force du vent pour traverser l’Atlantique tout en limitant au maximum la consommation de carburant.

Le Neoliner Origin se distingue par sa performance environnementale : il promet une réduction d’environ 80 % des émissions de gaz à effet de serre par rapport à un navire conventionnel de même taille. Ce résultat s’explique par une navigation à vitesse modérée — environ 11 nœuds — et un recours minimal au moteur diesel-électrique, utilisé uniquement lorsque les vents sont défavorables. Cette approche, à la fois innovante et pragmatique, prouve que la propulsion vélique peut être viable sur des routes commerciales de longue distance.

Dès l’été 2025, le Neoliner Origin reliera Saint-Nazaire à Saint-Pierre-et-Miquelon, Halifax et Baltimore, transportant jusqu’à 5 300 tonnes de marchandises. Soutenu par l’ADEME Investissement, la Région Pays de la Loire et la BPI France, ce projet illustre la capacité de l’industrie maritime française à conjuguer innovation technologique et responsabilité environnementale. Pour CMA CGM, il s’inscrit dans une stratégie globale de décarbonation, aux côtés de ses investissements dans le gaz naturel liquéfié et les carburants alternatifs.

Au-delà de son aspect technique, le Neoliner Origin incarne un changement de cap pour le transport maritime mondial. En redonnant au vent son rôle moteur, il rappelle que la transition écologique peut s’appuyer sur des solutions simples et éprouvées, repensées à l’aune des technologies modernes. Véritable symbole d’un avenir plus durable, ce navire ouvre la voie à une nouvelle génération de cargos où performance économique et respect du climat avancent de concert.

Par Youness ELAYAMMI