Course vers le gigantisme, La capacité augmente, les risques aussi
On compte actuellement plus de 10 000 conteneurs perdus en cours de route chaque année. En effet, en raison de la taille des navires géants, la sécurisation de la charge devient plus difficile. Par ailleurs, la perte de conteneurs soulève des questions concernant la sécurité des navires plus petits. Les risques de pollution augmentent également avec la taille des navires, les navires géants transportant notamment des quantités plus importantes de carburant.
Depuis les débuts de la conteneurisation dans les années 50, la taille des navires n’a cessé de croître. Les itinéraires et les services de transport conteneurisé s’adaptent à des porte-conteneurs de dimensions sans précédent. Face à cette tendance, d’importants travaux ont déjà été entrepris sur les infrastructures maritimes mondiales, tel que le Canal de Panama, ce qui pourrait avoir des incidences sur les réseaux commerciaux mondiaux et la stratégie maritime de nombreux pays. À l’échelle mondiale, le réseau de transport est devenu plus complexe, plus interconnecté, et la mise en service de porte-conteneurs de plus grande taille sur les grands axes maritimes aura un effet en cascade sur les itinéraires secondaires, qui devront absorber le déplacement de la capacité de transport maritime.
Nick Sloane, directeur de Sloane Marine, a déjà alerté sur l’avenir de sinistres maritimes concernant les navires géants en construction et ceux qui naviguent déjà. Il a axé son discours sur les risques émergents des nouveaux porte-conteneurs ultra-géants avec 20 000 teu de capacité, des gros minéraliers transportant plus de 400 000 tonnes de vrac sec. Puis Sloane a mis en évidence le lien entre la sécurité et le rendement pour les compagnies maritimes. Selon lui, ‘‘Tant que les taux de fret restent faibles, les armateurs propriétaires doivent réduire les coûts, en se concentrant sur les postes budgétaires des pièces de rechange, des coûts d’équipage, tandis que les chargeurs en profitent pour améliorer leurs coûts ou leurs propres marges. Les risques pour l’expédition maritime mondiale sur les hautes mers ne diminueront pas’’. M. Sloane considère les GNL / GPL et les navires de croisière comme des exceptions, car, dit-il, ils ne travaillent pas avec des marges serrées.
L’entrée en service des navires géants exige des pouvoirs publics une action sur plusieurs plans. L’arrivée de ces géants des mers dans les ports engendrera des flux plus importants et plus concentrés de conteneurs dans les ports et leur arrière - pays. L’exploitation de navires de plus grande taille s’accompagne de risques de diverses natures qui augmentent plus que proportionnellement. En effet, outre les préoccupations concernant spécifiquement la sécurité, la sûreté et le sauvetage, l’assurance devient elle aussi problématique. On se demande alors quelles stratégies à long terme envisager : D’abord pour promouvoir des politiques portuaires judicieuses, y compris en ce qui concerne l’expansion de la capacité portuaire et la concurrence, les efforts de coordination avec les exploitants de navires et les services de transport dans l’arrière - pays et les rôles des divers acteurs. Ensuite, pour répondre aux préoccupations que soulève la taille des navires géants en ce qui concerne la sécurité et la sûreté. Les récents naufrages révèlent que les nouveaux navires peuvent eux aussi présenter certaines faiblesses de structure. Est-ce que l’exigence du système de sécurité et une surveillance minutieuse de la maintenance des navires sont suffisantes ? Enfin, pour mettre en place les politiques et les interventions réglementaires complémentaires nécessaires (la formation des équipages, réduction de la vitesse dans certaines zones et du contrôle du poids des conteneurs). Quelles sont par ailleurs les possibilités d’améliorer les pratiques existantes en matière de ‘‘pavillon du navire’’ ?