Transport international : le Maroc face au mur du Système d’Entrée-Sortie européen

Par Youness Elayammi – 13 Octobre 2025
À partir d’octobre 2025, l’Union européenne mettra en place le Système d’Entrée-Sortie (EES), un dispositif destiné à moderniser le contrôle des frontières. Une mesure présentée comme un progrès sécuritaire, mais qui inquiète fortement le secteur marocain du transport routier international.
Depuis des années, la majorité des chauffeurs de camions marocains qui sillonnent les routes européennes travaillent avec des visas de court séjour, dits “touristiques”. Faute d’un visa professionnel spécifique, ces documents leur permettent d’assurer les liaisons vitales entre le Maroc et ses partenaires européens. Jusqu’à présent, les cachets manuels dans les passeports laissaient une certaine marge de tolérance sur la durée des séjours.
Le nouveau système EES changera profondément cette réalité. Chaque passage sera désormais enregistré électroniquement, et les durées de séjour calculées de manière automatique. Les chauffeurs marocains, qui passent une grande partie de leur temps sur les routes européennes, risquent alors d’être considérés comme en “séjour prolongé”, les exposant à des refus de visa, des amendes, voire des interdictions d’entrée.
Ces restrictions auraient des conséquences économiques importantes : ralentissement des flux commerciaux, hausse des coûts logistiques et perte de compétitivité pour les entreprises marocaines du secteur. Le transport routier, maillon essentiel du commerce euro-méditerranéen, se retrouverait fragilisé par une mesure administrative qui ne tient pas compte de ses spécificités.
Face à ce risque, l’Association Marocaine du Transport Routier Intercontinental (AMTRI Maroc) appelle à un dialogue urgent entre Rabat et Bruxelles. Elle plaide pour la création d’un visa professionnel multi-entrées, adapté à la réalité du métier, afin de préserver la fluidité des échanges et la mobilité des chauffeurs. Le Maroc doit agir dès maintenant pour éviter que le mur numérique de l’EES ne freine ses routes vers l’Europe.