L’Autorité du Canal de Suez et le transporteur danois Maersk ont officialisé un retour progressif du passage des porte-conteneurs dès le début du mois de décembre, une annonce stratégique après deux années de détournements liés à une forte instabilité géopolitique en mer Rouge.
Dans un communiqué conjoint, le président de la SCA, Osama Rabie, s’est montré confiant quant à une reprise rapide, tandis que Vincent Clerc, PDG de Maersk, a souligné que le redémarrage s’effectuerait « dès que les conditions le permettront », la sécurité des équipages restant un impératif absolu.
Ce retour marque une étape décisive pour la route maritime la plus courte entre l’Europe et l’Asie, mise à mal lorsque Maersk avait décidé en 2024 de contourner l’Afrique pour éviter une zone devenue trop instable. Cette déviation par le cap de Bonne-Espérance avait rallongé les trajets de près de deux semaines, alourdi les coûts et perturbé les chaînes logistiques mondiales. L’annonce d’une normalisation progressive de la situation redonne aujourd’hui au canal égyptien une place centrale dans la fluidité du commerce international.
Dans ce contexte, l’accord de partenariat stratégique signé entre Maersk et la SCA ouvre un nouveau cycle de coopération. Sans en dévoiler les détails, les deux parties évoquent de futures collaborations dans des domaines clés tels que la maintenance de conteneurs, le développement de chantiers navals, ou encore l’extension des services logistiques. En 2023, Maersk avait assuré plus de 1 150 passages via Suez, générant plus de 700 millions de dollars de recettes pour l’Égypte, un volume qui témoigne du poids de l’armateur danois pour l’économie du canal.
Les indicateurs de reprise se multiplient également sur le terrain. En octobre, le Canal de Suez a enregistré un tonnage net supérieur à celui de l’année précédente, et les prévisions pour novembre confirment une dynamique de retour à la normale. Le communiqué conjoint souligne que le dernier Sommet pour la paix tenu à Charm el-Cheikh a contribué à apaiser les tensions régionales et à rétablir un climat plus propice à la navigation dans la mer Rouge et le détroit de Bab el-Mandeb. La SCA s’attend à 4,1 milliards de dollars de recettes pour 2025, avant un rebond plus marqué en 2026.
Ce réengagement de Maersk pourrait pousser d’autres grands groupes à suivre. Des discussions seraient déjà avancées avec CMA CGM, dont le retour est envisagé en décembre. Pour les compagnies maritimes mondiales, les détours par l’Afrique australe demeurent coûteux et peu durables, tandis que le Canal de Suez reste, dès que les conditions le permettent, la voie la plus courte et la plus efficiente entre l’Est et l’Ouest. En prenant l’initiative, Maersk joue donc le rôle d’éclaireur dans ce mouvement de reprise, marquant le début d’un retour progressif vers la stabilité du corridor maritime le plus stratégique de la planète.