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Hapag-Lloyd impose un gel logistique : les conteneurs canadiens en stand-by

La chaîne logistique entre le Canada et le Moyen-Orient est actuellement sous tension, en raison d’un durcissement des conditions d’embarquement imposé par la compagnie maritime Hapag-Lloyd.

L’armateur allemand a annoncé qu’il refuserait désormais toute réservation présentant un risque de congestion dans les ports de transbordement, afin d’éviter que des cargaisons ne restent bloquées à mi-parcours. Cette décision fait suite à une saturation croissante des hubs stratégiques, déjà mis à rude épreuve par les détours liés aux perturbations en mer Rouge et à une forte demande en capacité.

Pour les transitaires canadiens, cette politique préventive se traduit par une impossibilité croissante de réserver de l’espace vers les grandes destinations du Golfe. Lors d’un point d’information organisé avec le port de Saint-Jean, plusieurs professionnels ont fait état de difficultés majeures à obtenir des créneaux avant la fin juin, voire début juillet. Les retards s’accumulent, les marges de manœuvre se réduisent, et les clients finaux subissent déjà les effets en aval, notamment dans les secteurs agricoles, pharmaceutiques et industriels.

Le choix d’Hapag-Lloyd reflète une stratégie de gestion du risque désormais assumée par les grands armateurs, qui cherchent à préserver la fluidité de leurs réseaux plutôt qu’à maximiser les volumes transportés. Mais cette approche, si elle réduit les goulots d’étranglement pour les ports, transfère une part importante du déséquilibre logistique vers les expéditeurs. Ces derniers explorent actuellement des itinéraires alternatifs, mais les options restent limitées, coûteuses et aléatoires, en particulier pour les cargaisons nécessitant un passage par des hubs traditionnellement saturés.

Dans ce contexte incertain, l’ensemble de la chaîne maritime subit une pression constante, avec une visibilité réduite sur les délais et les capacités disponibles. Si certains espèrent une amélioration d’ici l’été, une majorité de professionnels reste prudente, redoutant qu’un nouvel incident, même mineur, ne relance un cycle de perturbations. En attendant, les transitaires canadiens doivent composer avec une équation complexe : naviguer entre rareté des espaces, coûts en hausse, et attentes pressantes des marchés destinataires.