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Interview avec M. Eduard Rodés, Directeur de la ‘‘Escola Europea de Short Sea Shipping’’,

 ‘‘A travers la logistique et les ports, nous pouvons contribuer à améliorer la société !’’

EdouardEduard Rodés Rodés est venu à Tanger Med participer à la conférence sur le Short Sea Shipping et présenter son école  et sa formation : un concept original par la nature de ses cours et la qualité de ses apprenants. Nous l’avons rencontré à l’issue de la conférence pour en savoir plus…

T&L : La Escola, de quel concept de formation s’agit-il ?

Eduard Rodés : La Escola est un centre de formation et de promotion du transport intermodal. Elle est née pour aider au développement des lignes maritimes de Short Sea Shipping entre l’Espagne et l’Italie. Cependant, grâce au succès de la formation donnée et à l’originalité du concept, et puisque personne d’autre ne le fait, alors nous avons eu beaucoup de succès parmi les cycles de formation de la logistique et du transport et de la supply chain management. Cette formation a commencé en 2004 pour les professionnels et fût organisée par l’autorité portuaire du port de Barcelone. L’école a été créée (sous la forme qu’elle a aujourd’hui) en 2006 et accompagne le projet Marco Polo dans le cadre des ‘‘Common Learning Actions’’ pour le développement de l’inter-modalité. Durant la première étape, la Commission Européenne a accompagné l’école par l’intermédiaire de plusieurs projets et à partir de l’année 2012, La Escola est devenue indépendante et donne ses formations sans avoir besoin de subventions et offre ses services aux étudiants et aux différents participants de Portugal, Espagne, France, Italie, Belgique, Hollande et aussi beaucoup issus du continent américain, des Etats-Unis, du Mexique, de Panama et de Colombie.

Pour quel but êtes-vous venu à cette conférence de Tanger Med ?

La Escola a cinq associés. Elle a été fondée par cinq organisations : trois ports (Barcelone, Gênes et Civitavecchia qui sont des administrations publiques) et deux compagnies de navigation privées qui sont Grimaldi et Grande Nave Veloce. L’école organise des activités qui intéressent, bien entendu, ses fondateurs. Dans ce contexte, il y a des objectifs communs de développement. Par exemple, les lignes de Short Sea Shipping avec le Maghreb est un objectif commun à tous les associés. Dans ce cadre, l’Ecole a initié le projet MOST Maghreb (Motorways Of the Sea) avec le Maroc, l’Algérie et la Tunisie. Ce projet a été présenté à l’Union pour la Méditerranée pour l’adopter et celle-ci a demandé que le projet soit étendu à l’Egypte et à la Jordanie. Ce n’est pas une coïncidence qu’un autre projet (nommé Logismed) que l’Union pour la Méditerranée et la Banque Européenne d’Investissement développent ensemble concerne exactement les mêmes pays. C’est une ‘‘coïncidence’’ qui dans ce cas peut beaucoup aider. Et là je m’explique parce que certains peuvent avoir des confusions : le programme Logismed Training Actions qui est déployé aussi au Maroc forme des personnes dans le champ de la logistique, surtout en ce qui concerne la gestion des entrepôts et des plateformes logistiques, tandis que le programme Translog Med, la première appellation de notre programme avec l’UPM, forme des personnes en transport intermodal. Ce sont deux choses différentes même si elles font partie des T & L en général, mais l’une concerne les plateformes et l’autre les corridors.

Ce matin, vous avez annoncé un partenariat avec l’IFP, l’institut de formation portuaire de l’ANP, mais nous constatons que vous n’avez pas la même vocation !

Les instituts de formation portuaire sont en train d’évoluer, eux aussi, vers des formations du transport intermodal. Ceci est le cas au Maroc comme ce fût avant en Espagne et ailleurs dans la Méditerranée. L’idée qu’ils ont est de pouvoir intégrer ce type de formation dans leur offre. Le transport intermodal et la logistique intermodale sont nés et n’appartiennent à personne ! Nous avons des étudiants qui viennent des branches d’ingénieurs, d’autres qui viennent de l’économie. Avant, il n’y avait pas de ‘‘carrière logistique’’. En tout cas, en Espagne elle n’existe pas. C’est vrai que les activités existent mais le secteur en lui-même est relativement récent. C’est pour dire que ceux qui suivent ces formations ont été dans d’autres carrières professionnelles et se sont spécialisés dans les activités logistiques. A noter aussi que des capitaines et des officiers marins finissent leurs carrières dans des compagnies de transport et de logistique ! Tous les étudiants qui viennent chez nous cherchent en plus de la formation une ‘‘signature’’, celle du transport intermodal. Si dans les écoles professionnelles il y a toujours la possibilité de pratiquer la formation, par exemple dans une école de coiffure, il y a un salon ; alors dans la logistique, qui peut avoir un navire ou un port pour la pratique des cours ? C’est là le point fort de notre école : nous mettons à la disposition de nos apprenants les moyens de nos associés : les navires et les ports !

Avec l’Autorité portuaire de Tanger Med vous avez annoncé une autre collaboration. De quoi s’agit-il ?

Voyons, l’idée du cours que nous voulons donner la prochaine fois pour le Maroc, commence ici au Maroc. Nous avons la chance que nos deux compagnies maritimes associées aient déjà des lignes de Short Sea Shipping avec le Maroc (avec Tanger Med et Nador). Dans ce cas, ce que nous sommes en train de voir est de commencer le prochain cours (celui de novembre) à Tanger Med. Parmi les activités de cette formation, il aura la visite des infrastructures du port de Tanger Med, ses installations, ses différents moyens techniques, la partie informatique etc. Bien entendu, nous sommes intéressés d’avoir certains cadres du Port comme formateurs. En somme, nous voulons avoir avec Tanger Med une relation entre deux partenaires qui veulent, non pas chercher simplement à gagner de l’argent, mais plutôt améliorer un secteur pour le bien de toutes les parties : les ports, les compagnies maritimes et les chargeurs.

Que pouvez-vous dire aux opérateurs marocains ?

Je veux surtout les sensibiliser sur la partie intangible de notre formation. L’école et une partie de la formation sont une expérience à vivre. C’est difficile de l’expliquer, il faut y assister pour le comprendre. Les relations qui s’établissent entre les participants vont au-delà du fait de suivre un cours ensemble. Il s’agit de vivre quelques jours avec des collègues du secteur qui doivent travailler en équipe et résoudre un problème. Ceci crée une atmosphère agréable et change les personnes. En plus, l’école n’essaie pas seulement de donner une formation technique mais aussi une expérience humaine. J’ai essayé toute à l’heure à la conférence de l’expliquer en français mais je ne sais pas si j’ai pu le faire : Nous pensons qu’à travers la logistique et les ports, nous pouvons contribuer à améliorer la société. Avec la formation, nous pouvons améliorer les personnes, l’environnement et la société. Nous avons eu beaucoup de témoignages dans ce sens : les apprenants sont différents après la formation !

Propos recueillis par Hammou Jdioui