Interview avec M. Richard Mfeungwang, Directeur du Syndicat National des Auxiliaires des Transports et de Transit au Cameroun, Le Freight Forwarding en Afrique est un métier d’avenir
A l’occasion de la conférence annuelle de la Région Afrique & Moyen-Orient accueillie au Maroc en mars dernier, Richard MFEUNGWANG, directeur général de SYNAUTRATRA au Cameroun (Syndicat National des Auxiliaires de Transport et de Transit) a partagé avec nous en entretien la réalité camerounaise de la logistique du transport maritime, ainsi que son appréciation du métier de freight forwarding en Afrique.
T&L : Voudriez-vous nous faire une brève présentation de l’activité au Cameroun ?
Richard Mfeungwang : L’activité au Cameroun évolue à trois niveaux. Le premier niveau, c’est la manipulation documentaire dans sa globalité, que ce soit dans les places portuaires ou aéroportuaires, que ce soit dans les frontières. Je rappelle que le Cameroun est membre de la CEMAC (Communauté Économique et Monétaire des Etats de l’Afrique Centrale), donc nous avons la possibilité de faire venir des marchandises des autres pays, que ce soit des produits manufacturiers, que ce soit des produits qui sont entrés par d’autres pays. C’est ça l’avantage de la zone CEMAC, surtout que dans cette zone, presque tous les pays ont accès à la mer. Seule la République centrafricaine (RCA) n’a pas d’accès à la mer ; mais il n’en demeure pas moins qu’une marchandise peut venir par voie aéroportuaire et arrive en RCA et, de là, on la ramène au Cameroun. Le deuxième niveau dans le transport logistique au Cameroun, ce sont les procédures douanières. Et le troisième niveau, c’est la livraison chez l’importateur. Au Cameroun, il y a ceux qui font la douane et livrent immédiatement, mais il y en a d’autres qui font seulement la douane et confient le reste au transporteur. Ceux qui font seulement la douance, on les appelle des commissionnaires en douane agréés (CDA). Quant à ceux qui font les deux, nous les appelons des commissionnaires en transport, mais ce n’est pas encore totalement effectif, puisque nous sommes en train de vouloir faire en sorte qu’il y ait un seul métier, les commissionnaires en transport, comme c’est le cas partout dans le monde.
Quels sont les défis auxquels vous êtes confrontés maintenant ?
Les défis sont multiples. Le premier défi, c’est avec les aconiers ; le deuxième défi, c’est avec les armateurs ; le troisième défi, c’est avec les transporteurs. A ces trois défis, il faut ajouter celui avec la douane même si, en réalité, avec la douane, ce n’est pas assez perceptible. Le goulot d’étranglement, c’est lorsque l’opération de dédouanement se termine. C’est là qu’on commence à avoir des barrières inutiles avec les aconiers.
Avec les aconiers : nous sommes en train de réviser le tarif de la place portuaire, afin de mettre en place une tarification unique.
Avec les armateurs : à partir du moment où les armateurs nous imposent de mettre des cautions avant de sortir les conteneurs, ça devient un goulot d’étranglement.
« Le freight forwarding en Afrique est un métier d’avenir. Evidemment, il faut le construire, parce qu’aujourd’hui les règles et les usages ne sont pas respectés comme dans les autres continents ».
Avec les transporteurs : il y a une espèce de dumping, et celui-ci fait en sorte que nous ayons des retards de livraison, celui-ci fait en sorte que nous ne soyons pas compétitif, parce que le délai n’est jamais respecté.
Voilà, en gros, les différents défis auxquels nous sommes confrontés dans les opérations de transport logistique.
Qu’est-ce que vous avez réalisé concrètement avec votre association ?
Avec notre association, nous avons interpelé le CCOPAD (Comité Consultatif d’Orientation du Port Autonome de Douala), afin de nous faciliter la démarche quand il nous faut prendre un navire pour sortir les conteneurs. Ceci a été fait, mais les armateurs s’entêtent toujours à cause de la fameuse caution. Nous avons effectué une étude à l’issue de laquelle nous avons résolu de mettre en place la solution assurance comme garantie de retour des conteneurs.
Parlons maintenant de notre continent : Comment évaluez-vous le métier du freight forwarding en Afrique ?
C’est un métier d’avenir. Evidemment, il faut le construire, parce qu’aujourd’hui les règles et les usages ne sont pas respectés comme dans les autres continents.
Quelle appréciation faites-vous de votre participation à cet événement ?
Ma participation ou plutôt la participation de l’association que je dirige est une grande richesse. Nous sommes venus non seulement pour apprendre ce qui se passe au Maroc, mais aussi pour partager le système que nous utilisons au Cameroun. Par ailleurs, nous sommes ici pour évaluer les possibilités d’avoir des échanges ; c’est même la raison pour laquelle nous avons signé unpartenariat ce matin, entre nos deux associations (marocaine et camerounaise).