Égypte obligée de baisser ses tarifs pour sauver le canal de Suez

Confrontée à la menace persistante des attaques houthis en mer Rouge, l’Égypte se voit contrainte de proposer d’importantes remises aux grandes compagnies maritimes pour les convaincre de reprendre la voie du canal de Suez.
Depuis la mi-mai 2025, l’administration du canal a instauré une baisse tarifaire de 15% sur les droits de passage des porte-conteneurs dépassant 130 000 tonnes, qu’ils soient pleins ou vides. Cette concession, valable trois mois, s’apparente à un aveu de faiblesse face à la chute de près de 7 milliards de dollars des revenus annuels en 2024, conséquence directe des actions militaires des rebelles houthis qui ont semé la peur chez les armateurs.
Cette politique de rabais vise avant tout à reconquérir la confiance des grands transporteurs mondiaux. Le géant français CMA CGM a été parmi les premiers à accepter ces nouvelles conditions, reprenant une partie de ses transits par Suez. Entre janvier et avril 2025, la compagnie s’est hissée en tête des utilisateurs du canal, pesant à elle seule près d’un cinquième du tonnage total des porte-conteneurs.
Les données les plus récentes confirment un frémissement encourageant : depuis février 2025, quelque 166 navires ont modifié leur trajectoire pour repasser par Suez. Mais derrière cette reprise fragile se cache une réalité stratégique : face à la pression des Houthis, l’Égypte n’a guère eu d’autre choix que de monnayer la sécurité du passage à coups de remises substantielles.