Le retour en force de la voile : une révolution propre dans le transport maritime
Le transport maritime à voile connaît un regain d’intérêt et gagne en popularité grâce aux avancées technologiques. Cette méthode de propulsion présente de nombreux avantages tels que son caractère renouvelable, sans émissions et silencieux.
Différents systèmes de voiles sont utilisés, tels que des voiles en textile souple, en fibre de verre, en composite, en métal ou même en matériau gonflable. Certains navires sont équipés de rotors, des cylindres métalliques en rotation, ou utilisent de grands cerfs-volants aérodynamiques appelés “kites”. À l’heure actuelle, environ vingt grands navires marchands dans le monde sont équipés de systèmes de propulsion vélique, soit en tant que moyen de propulsion principal, soit en complément. Cependant, cela représente une petite fraction des quelque 100 000 navires actuellement en circulation.
De grandes entreprises telles que Michelin avec Wisamo, Airbus avec Airseas, et les Chantiers de l’Atlantique avec SolidSail, ainsi que plusieurs PME pionnières, se sont engagées dans le développement de solutions de propulsion vélique. Au niveau mondial, il existe déjà environ 200 armateurs, équipementiers et sociétés de conseil spécialisées dans ce domaine.
Les entreprises françaises représentent environ la moitié de ce marché mondial et emploient actuellement 550 personnes. Elles prévoient de multiplier ce chiffre par 5 ou 10 d’ici 2030. Certaines entreprises françaises, comme CWS, prévoient d’ouvrir une usine de fabrication d’ailes rigides à Saint-Nazaire pour fournir des équipements à la flotte de porte-conteneurs de Zéphyr et Borée, qui compte des clients engagés tels qu’Ikea, Andros et Hennessy.
Le marché de la propulsion vélique devrait commencer à maturité vers 2026 ou 2027, selon certains experts. Les changements s’imposent en raison du vieillissement des flottes actuelles, de l’augmentation des prix des carburants fossiles et des réglementations environnementales de plus en plus strictes. Le secteur maritime devra sérieusement réduire ses émissions de gaz à effet de serre à partir de 2025, conformément à la législation européenne FuelEU maritime en cours d’adoption.
La propulsion vélique permet des économies d’énergie allant jusqu’à 20 % pour une conversion rétroactive et jusqu’à 50 ou 80 % pour les navires spécifiquement conçus pour recevoir des voiles, des ailes, des rotors ou des kites. Cependant, cela implique un surcoût d’environ 30 % par rapport à un navire classique. L’adoption généralisée de la propulsion vélique pourrait entraîner d’importantes économies d’énergie et réduire considérablement les émissions de gaz à effet de serre.
Outre leur caractère propre et économe en énergie, les technologies de propulsion vélique ont l’avantage de ne pas générer de bruit sous-marin. De plus, elles ne nécessitent pas d’infrastructures de stockage lourdes à terre, ce qui permet d’accéder à des ports secondaires et de réduire les trajets terrestres des marchandises.
Pour développer davantage cette technologie et sortir de la niche, il est nécessaire de convaincre les banquiers et les assureurs de s’engager dans le financement de ces projets. Une meilleure prise en compte de ces enjeux par les gouvernements, avec des garanties et des financements appropriés, serait également bénéfique pour promouvoir le développement du transport maritime à voile.