la surcharge de trop, une provocation en temps de crise ?
La compagnie maritime Maersk Maroc a annoncé qu’à défaut d’exécuter elle-même (par le bais de ses filiales), le transport terrestre en aval du trajet maritime, elle fera taxer le client d’une surcharge de 250 dirhams. Une décision qu’elle va appliquer à partir du 1er Mai.
Voilà une surcharge tout à fait nouvelle pour les importateurs marocains : “La Merchant Haulage surcharge” ! La traduction pourrait être « surcharge pour transport fait par le client ». Jusque-là, l’importateur confie le transport de son conteneur une fois dédouané à son transporteur pour effectuer l’acheminement depuis le port vers le lieu de déchargement. La compagnie maritime Maersk a décidé de changer cette situation. Elle vient d’annoncer qu’elle exécutera elle-même cette prestation pour le réceptionnaire et si ce dernier opte pour se faire livrer par son prestaire, il doit payer à la compagnie la nouvelle « Merchant Haulage surcharge », soit 250 dirhams par livraison.
La fédération de transport et de la logistique CGEM a rapidement réagi et saisi le conseil de la concurrence. Rachid Tahri, Vice-président, explique qu’il s’agit là d’un abus que les clients ne peuvent accepter. La compagnie se considère en position de force et veut faire appliquer sa propre loi. Il ajoute que le fait d’imposer cette prestation aux destinataires n’est autre qu’une « vente forcée » qui est contraire aux dispositions du code de commerce.
Cela fait rappeler l’année 2007 lorsque suite à une grève des transporteurs, le port de Casablanca a été paralysé pendant quinze jours. Le bilan était lourd
L’autre aspect de cette décision est social, explique M. Tahri. Autour de cette prestation de transport entre les ports et les villes vivent des centaines de petites entreprises de transport, des PME ayant entre 2 à 10 camions. Si demain on les prive de leur niche, ils vont subir de lourdes pertes, des conducteurs professionnels deviendront sans emploi, et certaines de ces PME vont disparaitre.
La situation des PME de transport terrestre est délicate dans le contexte marocain. Cela fait rappeler l’année 2007 lorsque suite à une grève des transporteurs, le port de Casablanca a été paralysé pendant quinze jours. Le bilan était lourd : arrêt des opérations portuaire, congestion du port, annulation des escales, prolongement des délais de livraison… toutes les parties en étaient perdantes : les terminaux portuaires, les compagnies maritimes, les usagers, la douane. Les pertes en chiffre d’affaires étaient aussi lourdes.
Aucune partie prenante ne souhaiterait un tel scénario se répéter en 2021.
Affaire à suivre…