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Jérôme Algier, Managing Director Maghreb à Geodis : « L’effervescence de l’économie marocaine est une opportunité! »

Jérôme Algier, Managing Director Maghreb à Geodis :

« L’effervescence de l’économie marocaine est une opportunité! »

Jérôme Algier est arrivé à Geodis Casablanca il y un mois avec une mission bien précise : doubler le chiffre d’affaires de cette filiale du Groupe Geodis dans quatre ans. A son actif, son esprit entrepreneur et une structure solide qui l’appuie au Maroc comme dans le Monde. Dans cette interview, il nous parle avec passion de son groupe, son développement au cours des années, son ADN, son savoir faire et de « l’effervescence de l’économie marocaine », des éléments qui constituent, selon lui, une vraie opportunité de développement

Jér

TLr : Comment se présente Geodis Maroc aujourd’hui ?

Jérôme Algier : Nous sommes présents au MAROC depuis environ 40ans. Nous avons un peu plus de 200 personnes. Nous avons des activités logistiques à valeur ajoutée sur Casablanca et puis nous avons des activités de transports internationaux (routiers, maritimes et aériens). Nous disposons de notre propre flotte de véhicule pour nos transports routiers qui sont majoritairement sur l’Europe avec un point d’entrée et un point de sortie à Tanger et à Algesiras. Nous travaillons avec plusieurs agences en France et en Europe pour pouvoir nous alimenter mutuellement en import et en export. Nous avons  des structures dédiées en France qui s’occupent du Maghreb notamment une agence à Lyon qui ne fait que de Maghreb avec des quais et une structure dédiée au Maghreb.  Cette structure a été modifiée et renforcée ces derniers temps pour répondre à l’objectif de Geodis qui est de  doubler son chiffre d’affaires d’ici 4 ans sur le Maghreb et en particulier le Maroc.

Pour ce développement, vous comptez investir sur tous les métiers ou bien sur un métier particulier ?

Aujourd’hui, Geodis s’est organisé par métier et par région. Nous avons une région qui s’appelle  WEMEAF( West Europe middle East Africa) ce qui nous permet justement de fusionner ces métiers et proposer à nos clients l’ensemble de la chaîne. Au Maroc, notre croissance se fera sur nos deux métiers qui sont le transport et la logistique et ca sera pas l’un détriment l’autre. D’ailleurs notre valeur ajoutée c’est de pouvoir offrir une prestation « One stop shopping » pour nos clients avec un niveau de qualité élevé sur l’ensemble de la Supply Chain. En tout cas nous avons aujourd’hui les moyens, l’expérience et des fondations assez solides sur le Maroc qui nous permettent de pouvoir construire facilement. En plus, nous avons des clients fidèles de grandes marques qui nous servent de références et qui nous accompagnent depuis très longtemps: depuis 10 ans à 20 ans.

Justement, quel est le profil de votre client idéal ?

Aujourd’hui nous travaillons beaucoup soit avec des grosses sociétés locales soit des multinationales avec quelques clients locaux de petite taille. Geodis est présent sur plus de 120 pays et ceci nous permet de proposer nos services aux clients et à leurs filières sur les autres pays. Nous pouvons aussi dupliquer le savoir-faire que ce soit dans la partie automobile, ou bien les produits de grande consommation qui sont des « vertical markets » au sein du groupe Geodis de manière « worldwide ». Après il y a d’autres métiers plus industriels avec lesquels on travaille aussi sans oublier le textile plutôt des marques de textiles.

Vous n’êtes pas encore sur le « last mile » ?

C’est très bonne question parce que nous intervenons sur le « last mile » mais au titre de la « tower control » qui est quelque chose qu’on a développé au niveau du groupe Geodis avec une division qui chiffre un peu moins de 500 million d’euros. On sélectionne les meilleurs partenaires, on suit la qualité et on s’engage sur les indicateurs. Cette opération « last mile » est toujours agrégée ou associée à des opérations logistique ou à d’autres opérations de transport: nous proposons cela en termes de service complémentaire et avec tous les KPI. Il ne s’agit pas un projet car on le fait déjà pour plusieurs clients aujourd’hui notamment au départ de Casablanca.

Vous êtes au Maroc depuis longtemps. Qu’est ce que vous avez appris de la culture marocaine ?

C’est une très bonne question mais je vais répondre différemment. Moi, je suis arrivé il y a un mois en prise de poste sur la direction du Maroc et de la Tunisie et des deux métiers. J’ai un tempérament d’entrepreneur c’est pour ça que je suis ici. Ce que j’ai appris en peu de temps sur le Maroc quand j’ai vu l’effervescence de l’économie marocaine, c’est qu’il y a beaucoup de choses à faire au niveau du développement puisque c’est une économie qui est en train de se transformer. Nous voyons ce qui se fait dans l’aéronautique, l’automobile ou dans l’industrie au Maroc. Nous sommes aujourd’hui très en phase avec ces métiers et ces secteurs d’activités et leurs caractéristiques. Ma mission c’est de développer  l’ensemble de nos activités au Maroc pour en faire un point d’entrée en Afrique.

Est-ce que cette entrée est déjà entamée ?

Cela commence doucement,  nous sommes  vraiment au début du processus.

En tant que Geodis, comment vous évaluez l’état du secteur dans le Monde ?

On a des flux qui changent beaucoup au niveau mondial. Avant, on avait une « entreprise » qui est La  Chine qui était l’usine du monde. Maintenant, de plus en plus d’industriels reviennent et font produire au Maghreb, aux pays de l’Est, de plus en plus à proximité des bassins de consommation. Du coup, on a des flux internationaux mais qui deviennent plus des flux régionaux. Ce qu’a dit Laurent Notre CEO tout à l’heure à juste titre, tel qu’on l’a interprété à Geodis, on a considéré qu’il y avait une réelle opportunité économique sur le bassin méditerranéen qui comprend les pays de l’Afrique du Nord en plus de l’Espagne, la France et l’Italie et là on a un vrai bassin économique. Nous pensons que cette zone là fait déjà partie des régions sur lesquelles nous aurons du développement demain. Aujourd’hui, tout le monde pense à relocaliser son industrie : les USA, l’Europe relocalisent, pas forcément dans leur pays mais sur des distances qui sont plus accessibles. L’Europe est très grand partenaire du Maghreb ce qui facilite beaucoup les échanges et le développement et nous, étant une société multinationale d’origine française, cela nous donne une capacité de pouvoir bien travailler entre l’Europe et le Maghreb, ne serait-ce que par nos implantations, la langue française que nous partageons avec les pays du Maghreb et par notre culture qui est assez commune autour du bassin méditerranéen.

Vous avez ramené toutes les marques antérieures à une seule : Geodis. Quelle est exactement votre politique de marque ?

Le groupe Geodis s’est fait par une multitude de rachats d’entreprises. Il pèse un peu moins de 8.5 milliards d’euro aujourd’hui. Nous sommes le 1er acteur en France le 8eme acteur mondial avec une bonne position au Maroc en Tunisie aussi. Cependant, on avait très peu de visibilité sur le marché même en étant un des gros acteurs. Nous avions multitude de marques mais les gens ne nous voyaient pas assez. Nous avons donc décidé de rassembler l’ensemble sous une seule marque qui s’appelle Geodis. Entre-temps, nous avons fait du co-branding pendant une petite dizaine d’année.

Aujourd’hui, nous utilisons aussi nos sous marques métier : Geodis forwarding, Geodis contracts Logistics, Geodis Road, Geodis distribution express et Geodis Supply Chain Solutions qui est  une tour de contrôle.

Grâce à une seule marque, une même identité visuelle et une Charte commune , nous avons gagné beaucoup de visibilité sur l’ensemble du périmètre du groupe ce qui a permis aussi d’imposer des valeurs communes et des règles d’or qui sont aussi communes a l’ensemble des collaborateurs. Je pense que cela ramène une vraie cohésion d’entreprise parce que tout le monde s’est retrouvé uni dans une seule culture d’entreprise au lieu d’être dispersé sous 400 marques avec des cultures un peu différentes même si on avait un  tronc commun initial. Cela s’est fait progressivement dans la durée, mais c’est le poids de l’histoire de rachat d’entreprises, suivi d’une consolidation.